Saint Louis-Marie Grignion de Monfort - L' Amour de la Sagesse Eternelle.pdf

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Saint Louis-Marie Grignion de Monfort
L' Amour de la Sagesse Eternelle
Prière à la Sagesse éternelle
1. O divine Sagesse, souveraine du ciel et de la terre,
humblement prosterné devant vous, je vous demande pardon de ce
que je suis assez hardi pour parler de vos grandeurs, étant
aussi ignorant et aussi criminel que je suis. Ne regardez
pas, je vous prie, les ténèbres de mon esprit et les
souillures de ma bouche, ou, si vous les regardez, que ce ne
soit que pour les détruire d'une oeillade de vos yeux et d'un
souffle de votre bouche. Vous avez tant de beautés et de
douceurs, vous m'avez préservé de tant de maux et comblé de
tant de bienfaits, et vous êtes d'ailleurs si inconnue et
méprisée. Comment voulez-vous que je me taise? Non seulement
la justice et la reconnaissance, mais mon intérêt même
m'obligent à parler de vous, quoiqu'en bégayant. Comme un
enfant, je ne fais que bégayer, il est vrai, mais c'est que je
suis encore enfant, et, en bégayant, je désire apprendre à
bien parler, lorsque je serai arrivé à la plénitude de votre
âge.
2. Il n'y a pas, ce semble, d'esprit ni d'ordre dans ce que
j'écris, je l'avoue, mais c'est que j'ai si grande envie de
vous posséder, qu'à l'exemple de Salomon je vous cherche de
tous côtés en tournant sans méthode. Si je tâche de vous
faire connaître en ce monde, c'est parce que vous-même avez
promis que tous ceux qui vous éclaireraient et découvriraient
en auraient la vie éternelle. Agréez donc, mon aimable
princesse, mes petits bégayements comme des discours relevés,
recevez les traits de ma plume comme autant de pas que je fais
pour vous trouver; et donnez, du haut de votre trône, tant de
bénédictions et de lumières à ce que je veux faire et dire de
vous, que tous ceux qui l'entendront soient enflammés d'un
nouveau désir de vous aimer et de vous posséder dans le temps
et dans l'éternité.
AVIS QUE LA DIVINE SAGESSE DONNE AUX PRINCES ET AUX GRANDS DU
MONDE DANS LE SIXIEME CHAPITRE DU "LIVRE DE LA SAGESSE"
3. [1] La Sagesse est plus estimable que la force, et
l'homme prudent vaut mieux que le courageux.
[2] Vous donc, ô rois, écoutez et comprenez; recevez
l'instruction, juges de toute la terre.
[3] Prêtez l'oreille, vous qui gouvernez les peuples et
qui vous glorifiez de voir sous vous un grand nombre de
nations.
[4] Considérez que vous avez reçucette puissance du
Seigneur et cette domination du Très-Haut, qui interrogera vos
oeuvres et qui sondera le fond de vos pensées.
[5] Parce qu'étant les ministres de son Royaume, vous
n'avez pas jugé équitablement, que vous n'avez point gardé la
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loi de la justice et que vous n'avez point marché selon la
volonté de Dieu.
[6] Il se fera voir à vous d'une manière effroyable et
dans peu de temps, parce que ceux qui commandent les autres
seront jugés avec une extrême rigueur.
[7] Car on a plus de compassion pour les petits et on
leur pardonne plus aisément; mais les puissants seront
tourmentés puissamment.
[8] Dieu n'exceptera personne; il ne réputera la grandeur
de qui que ce soit; parce qu'il a fait les grands comme les
petits et qu'il a également soin de tous.
9. Mais les plus [grands] sont menacés des plus grands
supplices.
10. C'est donc à vous, ô rois, que j'adresse ces
discours, afin que vous appreniez la Sagesse et que vous ne
tombiez pas.
11. Car ceux qui auront fait justement les actions de
justice ce seront traités comme justes, et ceux qui auront
appris ce que j'enseigne trouveront de quoi se défendre.
12. Ayez donc un désir ardent pour mes paroles, aimez-
les, et vous y trouverez votre instruction.
4. 13. La Sagesse est pleine de lumière et sa beauté ne se
flétrit point. Ceux qui l'aiment la découvrent aisément et
ceux qui la cherchent la trouvent.
14. Elle prévient ceux qui la désirent et elle se montre
à eux la première.
15. Celui qui veille dès le matin pour la posséder n'aura
pas de peine, parce qu'il la trouvera assise à sa porte.
16. Ainsi occuper sa pensée de la Sagesse est la parfaite
prudence, et celui qui veillera pour l'acquérir sera bientôt
en repos.
17. Car elle tourne elle-même de tous côtés pour chercher
ceux qui sont dignes d'elle; elle se montre à eux agréablement
dans ses voies, et elle va au-devant d'eux avec tout le soin
de sa providence.
18. Le commencement donc de la Sagesse est le désir
sincère de l'instruction; le désir de l'instruction est
l'amour; l'amour est l'observation des lois.
19. L'attention à observer ses lois est l'affermissement
de la parfaite pureté de l'âme.
20. Et cette parfaite pureté fait que l'homme est proche
de Dieu.
21. C'est ainsi que le désir de la Sagesse conduit au
royaume éternel.
22. Si donc vous avez de la complaisance pour les trônes
et les sceptres, ô rois des peuples, aimez la Sagesse, afin
que vous régniez éternellement.
23. Aimez la lumière de la Sagesse, vous tous qui
commandez les peuples du monde.
24. Je représenterai maintenant ce que c'est que la
Sagesse et quelle a été son origine; je ne vous cacherai point
les secrets de Dieu, mais je remonterai jusqu'au commencement
de sa naissance; je la produirai au jour et la ferai
connaître, et je ne cacherai point la vérité.
25. Je n'imiterai point celui qui est desséché d'envie,
parce que l'envieux n'aura point de part à la Sagesse.
26. Or la multitude de ses sages est le salut du monde,
et un roi prudent est le soutien de son peuple.
27. Recevez donc l'instruction par mes paroles, et elle
vous sera avantageuse.
REMARQUES DE L'AUTEUR
5. Je n'ai pas voulu, mon cher lecteur, mêler la faiblesse
de mon langage avec l'autorité des paroles du Saint-Esprit
dans ce chapitre. Mais qu'il me soit permis de remarquer avec
vous:
1. Combien la Sagesse éternelle est de soi-même douce,
facile et engageante, quoiqu'elle soit si brillante, si
excellente et si sublime! Elle appelle les hommes pour leur
apprendre les moyens d'être heureux; elle les cherche; elle
leur sourit; elle les comble de mille bienfaits; elle les
prévient en mille manières différentes, jusqu'à s'asseoir à la
porte de leur maison, pour les attendre et leur donner des
marques de son amitié.
Peut-on avoir un coeur, et le refuser à cette douce
conquérante?
6. 2. Quel est le malheur des grands et des riches s'ils
n'aiment pas la Sagesse! Que les paroles qu'elle leur adresse
sont effrayantes! Elles sont inexplicables en notre langue:
Horrende et cito apparebit vobis... Judicium durissimum his
qui praesunt fiet... Potentes... potenter tormenta patientur.
Fortioribus... fortior instat cruciato. [Sag 6,6,7,9]
Ajoutons à ces paroles quelques-unes de celles qu'elle
leur a dites ou fait dire depuis son Incarnation: Vae vobis,
divitibus. Facilius est camelum pere foramen acus transire
quam divitem intrare in regnum caelorum. Matt.19. Marc,Luc 18.
Ces dernières paroles ont été tant defois répétées par
la divine Sagesse, lorsqu'elle vivait sur la terre, que trois
évangelistes les ont rapportées de la manière, sans y rien
changer; ce qui devrait faire fondre en larmes, crier et
hurler les riches: Agite nunc, divites, plorate, ululantes in
miseriis quae advenient vobis! Jac 5. [Jc 5,1]
Mais, hélas! ils ont ici-bas leur consolation; ils sont
comme ensorcelés par leurs plaisirs et par leurs richesses, et
ils ne voient pas les malheurs qui leur pendent sur la tête.
7. 3. Salomon donne sa parole qu'il fera une description
fidèle et exacte de la Sagesse, et que ni l'envie ni
l'orgeuil, qui sont contraires à la charité, ne l'empêcheront
pas de communiquer une science qui lui a été donnée du ciel,
en sorte qu'il ne craint point que les autres ou l'égalent ou
le surpassent en connaissance. [cf. Sg 6,24-26]
C'est à l'exemple de ce grand homme que je vais expliquer
simplement ce que c'est que la Sagesse avant son incarnation,
dans son incarnation, et après son incarnation, et les moyens
de l'obtenir et de la conserver.
Mais n'ayant pas l'abondance des connaissances et des
lumières qu'il avait, je n'ai pas tant à craindre l'envie et
l'orgueil que mon insuffisance et mon ignorance, que je vous
prie de supporter et d'excuser par votre charité.
CHAPITRE I
Pour aimer et rechercher la divine Sagesse,
il est nécessaire de la connaître.
[1. Nécessité de la connaissance de la Divine Sagesse]
8. Peut-on aimer ce qu'on ne connaît pas? Peut-on aimer
ardemment ce qu'on ne connaît qu'imparfaitement?
Pourquoi est-ce qu'on aime si peu la Sagesse éternelle et
incarnée, l'adorable Jésus, sinon parce qu'on ne la connaît
pas, ou très peu?
Il n'y a presque personne qui étudie comme il faut, avec
l'Apôtre, cette science suréminente de Jésus, qui est
cependant la plus noble, la plus douce, la plus utile et la
plus nécessaire de toutes les sciences et connaissances du
ciel et de la terre.
9. [1] C'est premièrement la plus noble de toutes les
sciences, parce qu'elle a pour objet ce qu'il y a de plus
noble et de plus sublime, la Sagesse incréée et incarnée, qui
renferme en soi toute la plénitude de la divinité et de
l'humanité, tout ce qu'il y a de grand au ciel et sur la
terre, toutes les créatures visibles et invisibles,
spirituelles et corporelles.
Saint Jean Chrysostome dit que Notre-Seigneur est un
sommaire des oeuvres de Dieu, un tableau raccourci de toutes
ses perfections et de toutes celles qui sont dans les
créatures.
Omnia quae velle potes aut debes est Dominus Jesus
Christus. Desidera hunc, requiere hunc, quia haec est una et
pretiosa margarita pro qua emenda etiam vendenda sunt omnia
quae tua sunt: Jésus-Christ, la Sagesse éternelle, est tout
ce que vous pouvez et devez désirer. Désirez-le, cherchez-le,
parce qu'il est cette unique et précieuse perle pour l'achat
de laquelle vous ne devez pas faire difficulté de vendre tout
ce que vous avez.
In hoc glorietur qui gloriatur, scire et nosse me.
St. Hironi 9: Que le sage ne se glorifie pas de sa
sagesse, ni le fort de sa force, ni le riche de ses richesses;
mais que celui qui se glorifie tire sa gloire de ce qu'il me
connaît, et non de ce qu'il connaît autre chose.
10. 2. Il n'y a rien de si doux que la connaissance de la
divine Sagesse: Bienheureux ceux quil'écoutent; plus heureux
sont ceux qui la désirent et la recherchent; mais les plus
heureux sont ceux qui gardent ses voies, goûtent en leur coeur
cette douceur infinie qui est la joie et la félicité du Père
éternel et la gloire des anges. [Pr 2,1-9]
Si on savait quel est le plaisir que goûte une âme qui
connaît la beauté de la Sagesse, qui suce le lait de cette
mamelle du Père, mamilla Patris, [on] s'écrierait avec
l'Epouse: "Meliora sunt ubera tua vino: le lait de vos
mamelles est plus doux que le vin délicieux et que toutes les
douceurs des créatures"; particulièrement lorsqu'elle fait
entendre aux âmes qui la contemplent ces paroles: "Gustate et
videte: goûtez et voyez. Comedite... et bibite: mangez et
buvez; et inebriamini, et enivrez-vous de mes douceurs
éternelles; car mon entretien n'a rien de désagréable, ni ma
compagnie d'ennuyeux, mais on n'y trouve que de la
satisfaction et de la joie: non enim habet amaritudinem
conversatio illius; nec taedium convictus illius, sed
laetitiam et gaudium".
11. 3. Cette connaissance de la Sagesse éternelle n'est pas
seulement la plus noble et la plus douce, mais encore la plus
utile et la plus nécessaire, parce que la vie éternelle
consiste à connaître Dieu et son Fils Jésus-Christ.
"Vous connaître, s'écrie le Sage, parlant à la Sagesse,
est la parfaite justice; et comprendre votre équité et votre
puissance est la racine de l'immortalité." Voulons-nous, en
vérité, avoir la vie éternelle, ayons donc la connaissance de
la Sagesse éternelle.
Voulons-nous avoir la perfection de la sainteté en ce
monde, connaissons la Sagesse.
Voulons-nous avoir en notre coeur la racine de
l'immortalité, ayons en notre esprit la connaissance de la
Sagesse: Savoir Jésus-Christ la Sagesse incarnée, c'est assez
savoir; savoir tout et ne le pas savoir, c'est ne rien savoir.
12. Que sert-il à un tireur de flèches de savoir tirer dans
les côtés du blanc où il vise, s'il ne sait pas tirer droit
dedans? De quoi nous serviront toutes les autres sciences
nécessaires au salut si nous ne savons pas celle de Jésus-
Christ, qui est l'unique nécessaire et le centre où toutes
doivent aboutir? Quoique le grand Apôtre sût tant de choses
et qu'il fût si versé dans les lettres humaines, il disait
pourtant qu'il ne croyait savoir que Jésus-Christ crucifié:
Non judicavi me scire aliquid inter vos, nisi Jesum Christum,
et hunc crucifixum, 1 Corint 2. [1 Co 2,2]
Disons donc avec lui: "Quae mihi fuerunt lucra, haec
arbitratus sum propter Christum detrimenta. Verumtamen
[existimo] omnia detrimentum esse, propter eminentem
scientiam Jesu Christi, Domini mei: Je méprise toutes ces
connaissances desquelles j'ai jusques ici fait état, en
comparaison de celle de Jésus -Christ, mon Seigneur." Je vois
maintenant et j'expérimente que cette science est si
excellent, si délicieuse, si profitable et si admirable, que
je ne tiens aucun compte de toutes les autres, qui autrefois
m'avaient tant plu; et elles me semblent à présent si vides et
si ridicules, que c'est perdre son temps que de s'y amuser:
"Haec autem dico ut nemo vos decipiat in sublimitate sermonum.
Videte ne quis vos decipiat per philosophiam et inanem
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