Maxime Le Forestier Le fil (Maxime le Forestier) 1976 -------------------------------------------------------------------------------- C'est une douce habitude, Avant de dormir, Dans les nuits de solitude, De se souvenir Si chacun de nous demeure Dans son lit d'exil Que de se parler une heure Ne tient qu'� un fil, Un fil qui lie Deux demi-sommeils qui s'ennuient Pr�s de l'autre et loin de son regard. On parle enfin de son cafard Et du mal qu'on prend � na�tre Dans ce monde-l� Et du jour qui va para�tre Et qu'on ne veut pas, Du frisson de ces nuits blanches Qui vous fait le corps Comme quand on fait la planche Dans la mer du nord, Du vent qui souffle, Qui fait que les draps vous �touffent, Qu'il fait chaud soudain dans ce pays Et qu'on les pousse au pied du lit, Qui nous fait enfin nous dire Ce qu'on ne dit pas Quand on fait l'amour et pire Qu'on ne le fait pas, Qui nous fait enfin nous tordre, Loin de la pudeur, Solitaires, fous, et mordre Plaisir et douleur. Alors d�file A travers les rues de la ville Comme une onde qui fait dans le dos Raz de mar�e dans un cours d'eau. Ma mie ma correspondante, A se tant parler, Ma nocturne, mon amante, On en oublierait Qu'il n'est plus le moindre doute : Par les temps qui courent Y'a des gens qui nous �coutent, Le fil n'est pas sourd. Il n'est pas de secret, m�me pour les amours.
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